Habitués l’un comme l’autre des Concerts du Dimanche Matin, il était naturel qu’un jour ils partagent le même clavier. Même si une génération les sépare, ils ont en commun cette faculté de passer d’un répertoire à l’autre avec une facilité apparemment déconcertante, réussissant au passage quelques intégrales en forme de gageure, tout Messiaen pour l’aîné, les Années de pèlerinage de Liszt pour le cadet, le tout avec un plaisir des doigts jubilatoire, presque resté juvénile. Complices dès l’enfance avec sa sœur Nannerl, Mozart écrira pour leur duo de nombreuses œuvres, comme à l’automne 1786 cet Andante et Variations conçu à l’origine pour deux claviers. Connaissant l’engagement de Roger Muraro pour l’œuvre de Messiaen et la passion de Bertrand Chamayou pour la musique de son temps, il était normal de voir figurer à leur programme ces Visions de l’Amen, composées en 1943 qui marquent le retour du compositeur aux grands cycles théologiques d’avant-guerre.